La province pour les nuls

Je vis depuis 2 ans à Paris, originaire de la Haute-Savoie, j’ai rapidement constaté que les habitants de la capitale avaient leur propre vision de la géographie française.

Tout d’abord pour un Parisien peu importe l’endroit d’où nous venons, que ce soit Marseille, Quimper ou Bordeaux, nous sommes avant tout des Provinciaux. N’avez-vous donc jamais entendu un innocent «  Ah tu viens de Province ? » comme si cela existait sur notre bonne vieille carte de France ?

Ainsi donc sans le savoir, nous formons tous et toute une grande région nommée la Province, envahissant Paris.

Après tout pourquoi s’emmerder avec nos nombreuses régions n’est-ce pas ? les Parisiens, les civilisés, ont pensé à un concept novateur : la Province pour résumer : c’est facile et ça englobe tout, plus besoin de se creuser la tête pour situer l’Auvergne ou la Creuse (ce slogan est digne d’un marketeur de chez Publicis).

Cependant, il ne faut pas être trop dur envers les Parisiens, car la seule fois où ils voient les noms de nos régions, c’est accolé à la poitrine de miss, voire en reportage de fin de journal sur TF1, qui nous présente la bouillabaisse, dont la recette originale est jalousement gardée par la confrérie de la bouillabaisse marseillaise, et n’est ressortie que lors la célébration de Sainte Geneviève, patronne du plat. Ce qui donne l’occasion à tous les villageois de se réunir… Bref, j’arrête là sur cette bucolique image du village d’Astérix et Obélix.

Vous l’aurez compris, être une provinciale en territoire ennemi, c’est déjà partir avec un mauvais point. Mais si on laisse échapper un innocent “Par chez nous”  Malheur ! Damnation ! Nous aurons perdu tous nos galons de parisiens si chèrement acquis ! Le couperet tombe via cette remarque cinglante du Parisien « Oh la campagnarde ! » nous voilà dès lors rejeté et mis au banc de la cour de Versailles.

-> Mais gare à l’assimilation parisienne…

La première fois que je me suis faite traiter de parisienne, ça m’a fait un choc, d’autant que ce fut balancer sur un ton dédaigneux par ma sœur. J’étais dans sa maison, située en pleine campagne, et après un an à Paris, la première idée qui me vint à l’esprit en arrivant fut « Tiens pourquoi ne construirait-on pas un RER ici ? ». Bah oui détruisons la montagne pour faire plaisir à Madame.

Quand j’ai eu faim, on me dit que la première supérette était à 20 min en voiture. Une fois là-bas, j’avais beau cherché dans tous les rayons, impossible de trouver des sushis… S’en était trop, mes nerfs lâchèrent « QUOIIII et je mange quoi dans ce trou paumé ? Je ne vais pas me taper une raclette en plein été ? Nan mais servez le vin chaud pendant que vous y êtes ! »

J’étais tellement habituée à tout avoir rapidement sur Paris, que j’avais pris goût à cette vie urbaine. Malgré mon amour pour ma région, revenir chez moi était une énorme régression dans mes habitudes.

La deuxième fois, ce fut de la part d’une amie dans le métro. Bon il faut me voir là-dedans, je suis un vrai Bip Bip, donc je trace tout le monde par souci d’efficacité. Dans la jungle urbaine, tracer me permet de me faire respecter par la faune environnante, par crainte on n’osera couper mon chemin.

Dans les escalateurs, malheur à celui qui ne se met pas sur la droite, il aura droit à un « PAAArdon » suivie de ma main sur son épaule pour appuyer mes dires. Je peux râler si je loupe le métro, alors que le prochain n’est que dans deux minutes.

Moi aussi je brunche, quant à mes prochaines vacances elles seront en Thaïlande ou à Dubaï, car si tu vis à Paris et que tu n’es pas allé là-bas, c’est que tu as raté ta vie. Pour finir quand ma mère se réjouit de l’ouverture de la dernière franchise de vêtements à la mode en Haute-Savoie, je lui fais remarquer d’un ton las, qu’il y en a deux à côté de chez moi.

BREF,  je suis pire que les Parisiens !

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