Visiter Sarajevo, mon coup de cœur des Balkans !

Sarajevo est une jolie ville qui renait de ses cendres, ce qui fait son charme c’est son architecture à travers les âges et surtout la gentillesse et résilience des bosniaques qui peuplent en majorité la ville.

Mon avis sur Sarajevo

Comme au Kosovo, j’avais quelques appréhensions à l’idée de me rendre dans une ville ayant eu a souffrir d’une guerre récente. Et pourtant une fois arrivée sur la place principale de la ville la gentillesse des gens que j’ai pu rencontrer m’a émue. Comment des habitants ayant vécu 3 ans sous la menace et qui ont perdu des proches dans des conditions affreuses, peuvent-ils se relever avec autant de dignité ?

Ce que j’aime, c’est que l’architecture de Sarajevo nous fait remonter dans le temps. Marcher dans le centre, c’est découvrir un très beau bazar ottoman, puis en empruntant une des rues, on explore les façades colorées austro-hongroises. Enfin en dehors du centre, des centres commerciaux entièrement vitrés côtoient des blocs de béton criblés de balles.

Sarajevo en 5 périodes clés !

14e-17e siècle : les Ottomans s’emparent du pays, la population croate et serbe présente se convertit en masse à l’islam, afin de conserver leurs terres et ne pas envoyer leurs enfants servir l’armée ottomane.

1878-1918 : après la défaite ottomane, le pays est placé sous le contrôle des austro-hongrois, exacerbant le nationalisme des serbes. L’assassinat à Sarajevo de l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, commis par un nationaliste Serbe, déclenche la Première Guerre mondiale.

1939-1943 : le Maréchal serbe Tito fonde la République Fédérale de Yougoslavie, qui comprend 6 pays slaves. Tito accorda aux Bosniaques un statut ethnique distinct, afin qu’ils puissent avoir les mêmes droits que les Serbes et les Croates de Bosnie.

1990-1995 : la Yougoslavie est affaiblie par le départ de plusieurs pays, désormais indépendants. Le leader serbe Milosevic, souhaite désormais rétablir « la Grande Serbie » partout où les minorités serbes se trouvent. En représailles de la volonté d’indépendance des Bosniaques, l’armée du Serbe Milosevic envahi le pays et commence le siège de Sarajevo.

1995 : signature des accords de Dayton, qui mettent fin à la guerre. Cette guerre a provoqué la disparition/meurtre de 200 000 Bosniaques et a détruit Sarajevo à 80 %. Les accords séparent la Bosnie en 3 entités ethniques. Cette décision engendra des mouvements de population, chacune souhaitant rejoindre son entité ethnique, si bien que Sarajevo est désormais à 80 % Bosniaque. 

Mon arrivée

Neuvième pays de mon trip dans les Balkans, je suis arrivée en avion, car il n’y avait pas de bus direct depuis la Serbie. Le vol a duré 1h.

Que faire à Sarajevo? (Prononcez Sarayévo)

L’emblème de la ville est la bibliothèque nationale de Bosnie-Herzégovine, son architecture mauresque détonne dans le paysage. Construite durant l’époque austro-hongroise, elle a été brulée durant le siège Serbe puis fut reconstruite.

Le centre abrite le magnifique bazar ottoman, où s’arrêter pour un café. Non loin de là se trouve aussi la Mosquée de Gazi Husrev-Bey, avec sa jolie petite cour et fontaine. Construite en 1531, elle subit le même sort que la bibliothèque durant le siège.

 Sarajevo porte les stigmates du siège jusque dans son sol, en effet les obus qui explosaient ont créé des éclats qui évoquent les pétales d’une fleur. A la fin de la guerre des habitants remplirent ces impacts d’obus d’une résine rouge et les nommèrent “les roses de Sarajevo”. Certaines sont encore visibles près de la cathédrale du Sacré-Cœur et du centre commercial.

Si vous êtes en recherche de panorama, le Bastion jaune offre une magnifique vue sur la ville. Sarajevo est en effet située dans une cuvette, entourée de montagnes verdoyantes. Tout autour de la ville de nombreuse croix blanches nous rappellent les milliers d’habitants tués.

Musée de l’enfance de guerre

Durée : 1h /  Entrée : 10 marks (cash uniquement)

Ce musée est unique au monde ! Fondé en 2017 par un enfant de la guerre, Jasminko Halilović, il rassemble des objets personnels associés à des souvenirs d’enfants de la guerre. Parmi les 3 000 objets de la collection, seuls 50 sont exposés (l’exposition est régulièrement renouvelée) ces objets sont accompagnés d’une plaque où l’enfant décrit le contexte derrière l’objet.

J’ai trouvé ce musée très touchant, choisir le témoignage d’enfants, avec toute l’innocence de leurs jeunes âges, frappe d’autant plus quant à l’histoire tragique de ces objets. Il est d’autant plus dommage qu’un sujet aussi intéressant et approché avec beaucoup de décence, n’ait pas une surface plus grande.

Musée des crimes contre l’humanité et le génocide

Durée : 1-2h /  Entrée : 12 marks (CB acceptée)

Crée en 2016, ce musée s’intéresse aux bosniaques durant la guerre. Les pièces exposées ont été utilisées comme preuves au Tribunal pénal international de La Haye. La collection est extrêmement riche, trop même pour être exposée dans un petit musée. Les salles sont littéralement remplies du sol au plafond de témoignages et d’objets. Une salle diffuse un documentaire que je conseille de regarder, ce qui m’a marqué durant son visionnage, c’est la capacité d’adaptation de l’homme à la pire des horreurs : voir des femmes, enfants et vieillards obligés de courir d’une rue à l’autre, afin d’éviter de se faire tirer dessus par les Serbes, puis à l’arrivée se mettre à rigoler, comme un pied de nez à la mort.

J’ai vu tous les visiteurs de ce musée avoir des larmes, personnellement j’en suis sortie avec un profond dégout des hommes, qui ne semblent connaitre aucune limite dans la barbarie.

Galerie 11/07/95

Durée : 1h /  Entrée : 12 marks (cash uniquement)

Cette galerie, créée en 2012, est consacrée aux charniers découverts et au travail d’identification des victimes. Les photographies ont été prises par un photographe locale, qui était le seul à accompagner les experts durant l’exhumation des fosses communes. Un poignant documentaire suit la vie d’une jeune fille et d’un groupe d’ados, essayant tant bien que mal de vivre leur jeunesse sous le siège.

Je vous conseille l’audioguide en supplément, sans quoi vous n’aurez pas le contexte des photos. Par exemple la photo du haut, avec les pelles, représente l’enterrement à la chaîne des milliers de victimes exhumées. Il y eut tellement de tombes à creuser ce jour-là, que la pelle que vous voyez au premier plan, ne tenue pas la cadence et se brisa.

Musée historique de Bosnie-Herzégovine

Durée : 30 min /  Entrée : 7 marks (cash uniquement)

Installé dans un bâtiment construit durant l’ère communiste, ce musée national porte de nombreux impacts de balles sur sa façade. Sa collection s’intéresse à la vie des bosniaques durant la guerre et le siège, ainsi que le déroulement des négociations jusqu’à l’accord de Dayton. Faute de mécénat (les deux musées cités plus haut ont été financés par la Turquie) le musée est incompréhensible et paraît trop vide. Seule une salle est intéressante, elle expose des photos de la ville avant/après le siège et comporte un documentaire retraçant la fuite à l’étranger de certains habitants.

Musée national de Bosnie-Herzégovine

Durée : 1-2h /  Entrée : 8 marks (cash uniquement)

Ce musée s’étend sur 14 500 m^2. Endommagé durant le siège, le musée a du fermer en 2012, heureusement trois ans plus tard le musée a ré-ouvert grâce à un financement américain. Sur 3 niveaux le musée présente l’histoire du pays, de l’époque préhistorique à celle médiévale.  Ce que j’ai apprécié dans ce musée c’est la richesse de sa collection et les informations en anglais. La mise en scène des artefacts est l’une des plus impressionnantes et ludiques d’Europe. Les vitrines sont très pédagogiques, allant jusqu’à intégrer des dessins présentant l’utilité ou le fonctionnement des objets présentés.

Malheureusement, la pièce phare du musée, le Haggadah de Sarajevo (un précieux manuscrit juif du 14^e siècle) était situé dans une salle fermée ce jour-là. Les pavillons des sciences naturelles et celui sur l’ethnologie étaient fermés pour rénovation

Musée de Sarajevo 1878-1918

Durée : 20 min /  Entrée : 4 marks (cash uniquement)

Ce musée se situe en face du pont Latin, où eut lieu l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand. Bien qu’il soit intéressant, je ne m’attendais pas à trouver qu’une seule petite salle. La pièce remonte la chronologie de la période austro-hongroise, allant de l’annexion du pays, des améliorations apportées à la ville, jusqu’à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand. Des plans schématisent la location des assassins et des photos des protagonistes sont également visibles.

>>> Excursions et visites depuis Sarajevo <<<

• Mostar : son pont est l’emblème du pays, elle est accessible en 1h50 par train.
  
• Blagaj : au bord de la rivière Buna, se trouve l’un des plus anciens monastères de derviches.

>—- Les infos clés avant de partir à Sarajevo—-<