Tu seras président mon enfant !

N’ayant pas fait des études classiques, qui partent du bac jusqu’au master, je me suis rendu compte à quel point le choix des études est crucial ! Car si à 14 ans, poursuite d’études est un terme qui permet de suivre ses amis, il se trouve que pour les recruteurs, que nous affronterons des années après, cela se traduit par carrière et gare à la justification !

Je me souviens me faire engueuler par le directeur du collège, quand je lui avais annoncé que je partais faire un bac pro commerce en alternance. J’étais une élève moyenne, mais mes parents préféraient que j’obtienne un diplôme qui m’assure un emploi (les membres de ma famille avaient tous commencé à travailler jeune en CAP).

J’ai compris l’attitude du directeur deux ans plus tard, lors de ma recherche d’une alternance pour mon BTS à Paris. J’ai eu la désagréable sensation de devoir me justifier de ce bac pro, en face de recruteurs qui ne comprenaient pas mon choix de poursuite d’études. Le message “reste à ta place cassos” était à peine caché, leurs remarques dénigraient ma personne à travers mon diplôme.

Lors des entretiens, les mêmes questions bourrées de clichés revenaient :
“Vous étiez mauvaise élève ?”  “Vous serez à l’heure si on vous embauche ?”
“Vous avez du mal avec l’autorité ?” “Vous avez moins d’envie que les autres ?”
“Vous savez, on ne vend pas des baguettes ici, on n’est pas en Haute-Savoie hein ?”
(Ironique venant d’un Parisien, qui fait du ski chaque hiver en Haute-Savoie.)

 

Pourtant, mon CV montrait que j’avais obtenu certaines compétences professionnelles, grâce à mes deux ans d’alternance. J’étais également partie en Espagne et Angleterre en séjour linguistique pendant 7 mois, un séjour que j’avais planifié et financé seule à seulement 18 ans. Peu importe ma détermination et le fait que j’étais trilingue, j’aurais pu même décrocher un prix Nobel, il en aurait été de même ! En discutant avec une amie, qui a fait toutes ses études en général, j’ai été choquée de constater qu’elle n’avait fait que six mois de stage. Avec son bac+5, elle se voyait reprocher de n’avoir aucune expérience. Quand on confronte nos deux parcours, on se dit que le système se mord la queue !

Ceci dit, il serait temps que les universités calent leurs formations sur les besoins du marché, car quand je vois des personnes faire des masters aux intitulés improbables, je me dis que les études à l’université sont réellement un luxe. J’ai même des amis qui sont en master de philosophie ou d’histoire médiévale, simplement pour se cultiver, sachant qu’ils refuseront le seul poste proposé à la sortie : l’enseignement.

Quant aux entreprises elles devraient redescendre sur terre concernant les critères de recrutement

« Jeune diplômé(e) ayant validé un bac+5 en commerce, avec une spécialisation de dernière année en ingénierie, ayant deux années d’expérience professionnelle. Parfaitement bilingue, parler flamand est un plus et des connaissances en œnologie, philatélie et astrologie seront valorisées ».

L’exagération n’est pas loin de la réalité…

Ainsi en France, il faut très jeune trouver le bon secteur, afin d’avoir des débouchés, mais aussi trouver une alternance, attention pas trop tôt, sous peine d’être un cassos, mais pas trop tard non plus, sous peine d’être trop junior. Il faut évidemment ajouter à cela le fameux Master, le Graal en France, comme si cela ne suffisait pas, il faut aussi avoir fait le bon choix d’école pour le Master. Bah oui, toi tu t’imagines qu’il faut juste prendre n’importe quelle business school, qui aura la grâce de t’accepter, en te vendant du 45K de salaire à la sortie #bullshit. Sauf que si tu veux le job de rêve dans la boîte de rêve, il faut sortir du top 3 des business school. Là, prépare-toi à vendre ton rein et ton foie au marché de Barbès.

Après on se demande pourquoi autant de jeunes partent de la France. C’est sûr qu’à 15 ans, quand ton choix d’études ressemble à une analyse de marché, accompagnée d’un SWOT et d’un pitch commercial… ça fait beaucoup !

Vous vous doutez bien que devant une telle perte de talents (diplômés ou non) les entreprises ne sont pas restées les bras croisés. Qu’ont-elles fait pour essayer de nous retenir ? Mettre en avant leur babyfoot et leur café à volonté…  Faire un crédit pour ses études, se saigner avec des petits boulots, prendre des cours de flamand… Tout ça pour du Nescafé et des touillettes en bambou, non, le compte n’y est pas.

Souvent avec ce package on a le droit une expression que je déteste par dessus tout “Mais vous savez, nous sommes une entreprise à l’esprit start-up. A ce moment, j’ai envie de leur dire : “Vous êtes une boîte du CAC 40, avec plusieurs milliers d’employés. Votre process de recrutement est aussi lourd que le porte-avion Charles de Gaulle. Changer une virgule sur votre site, revient à faire un vote à l’Assemblée nationale, donc non, vous n’avez pas l’esprit start-up !”

Quel parcours avez-vous ? Pour ou contre les filières pro ?
Si vous avez des anecdotes absurdes de recrutement, partagez-les ici.

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