Visiter Tirana, une ville qui regarde son passé en face

Riche en musées et en histoire, la colorée ville de Tirana propose une plongée dans l’histoire du pays, de l’antiquité à la période meurtrie du communiste, en passant par le règne de l’Italie fasciste et enfin la démocratie.  

Mon avis sur Tirana

Tirana est clairement une ville qui plaira aux amateurs d’histoire, elle regorge de musées sur l’histoire du pays.
En revanche, je ne la conseille pas à ceux souhaitant juste flâner dans la ville, car elle n’offre pas grande chose à voir, si ce n’est quelques façades colorées.

Tirana en 6 périodes clés :

1418 : Tirana est mentionnée une première fois par les Vénitiens, qui règnent sur le pays.

1380- 1911 : A la fin du 14e siècle les Ottomans envahissent l’Albanie. Les Ottomans décident de mettre à la tête de Tirana une famille de la noblesse locale, les Toptani. Cette famille reste aujourd’hui un important propriétaire terrien dans le pays. Afin d’éviter de payer de lourdes taxes et d’envoyer leurs enfants à l’armée ottomane, les albanais se convertissent en masse à l’islam.

1912 – déclaration d’indépendance du pays, faite par un autre héro local, Ismail Qemal.

1920 : Tirana devient la capitale de l’Albanie.

1939 – 1943 : Annexion du pays par l’Italie fasciste. La résistance locale s’organise, l’Albanie a d’ailleurs été le seul pays occupé durant la Seconde Guerre mondiale, à être libéré sans aide extérieure. Malgré les invasions et grâce à la protection offerte par les albanais, la population juive avait quintuplé à la sortie de la guerre.

1944 : Enver Hoxja prend le pouvoir, il s’avère être un des pires dictateurs communistes que l’Europe ait connu. Après des désaccords avec l’URSS, la Yougoslavie, la Chine, la Corée et Cuba, il ferme les frontières et coupe totalement l’Albanie du reste du monde. Profondément paranoïaque, il fait construire 176 000 bunkers (soit 1 bunker pour 4 habitants) et développe une police secrète qui contrôle la population.

Mon arrivée

Sixième pays de mon trip dans les Balkans, je suis arrivée en bus depuis Pristina au Kosovo, avec seulement 4h de trajet ça a été rapide. Tellement rapide, que les douanes kosovares nous ont renvoyé dans notre bus, sans même avoir contrôlé nos papiers d’identité.

Que faire à Tirana ?

La place Skanderbeg est la plus grande zone piétonne des Balkans. Sa statue rend hommage au héro du pays qui combattit les occupants Ottomans au 15e siècle. Voyant en lui le défendeur de la chrétienté, il a été consacré par Vivaldi, qui crée un opéra à son nom. Une statue de lui est visible à Skopje, Pristina, Rome, Genève, Bruxelles et même à Paris.

A côté de la place Skanderberg, une bizarrerie locale déçoit : le château de Tirana, construit par l’empereur romain Justinien, il ne reste aujourd’hui qu’une petite enceinte en pierre, entourant une allée remplie de bars et restaurants. Juste à côté se trouve une installation étrange, nommée le Nuage, qui est constituée de barre de métal translucides, formant apparemment un nuage.

Le marché de Tirana se trouve au cœur de la ville, le site a totalement été reconstruit sur l’ancien bazar. Lieu animé aux façades colorées, il est bordé de nombreuses terrasses où déguster de bonnes grillades.

Un monument détonne par son architecture : la pyramide de Tirana, ce bâtiment en béton était le mausolée du mégalomaniaque dictateur Enver Hoxja. A la chute du régime communiste, il a été transformé en centre de conférence, avant de tomber en ruine. Lors de mon passage, il était fermé pour rénovation.

Plus loin de la ville, le mont Dajti est accessible en téléphérique. Sa hauteur permet une vue panoramique sur la ville.

Musée national historique

Durée : 1-2h / Entrée : 400 lek (cash uniquement, € acceptés)

Ce musée, avec sa mosaïque représentant “l’élan du peuple albanais vers son indépendance et son identité” est un des monuments phares de la ville. Il expose 6 200 objets parcourant l’histoire de l’Albanie, de l’époque Illyrienne à la période communiste. C’est pour moi un must do absolu pour comprendre l’histoire du pays !

Le premier niveau présente de jolies peintures, mosaïques et statues de la période préhistorique et antique, avec beaucoup d’explications en anglais. Le 2e et 3e étage ne comprennent que très peu de traduction. Le 3e niveau contient une salle sur l’annexion du pays par l’Italie fasciste de Mussolini et l’organisation de la résistance par les locaux. La dernière photo de la salle, comme une triste ironie, présente l’entrée victorieuse dans Tirana du libérateur communiste albanais, Enver Hoxha. Il prend le pouvoir en 1944 et s’avérera être un des pires dictateurs communistes que l’Europe ait connu.

Bunk’Art

Durée : 1-2h / Entrée : 500 lek (cash uniquement)

Ce musée, consacré aux crimes de la période communiste, est installé dans un ancien abri antiaérien du ministère de l’Intérieur.
-> D’ailleurs au vu de sa localisation sous terre, de l’humidité et de la foule qu’il y a, je vous conseille de prendre un éventail et une bouteille d’eau, le lieu peut être physiquement étouffant !

A travers 19 salles, le musée nous plonge dans la création de l’état répressif sous le dictateur Enver Hoxha : formation de la police au service du parti, destruction des lieux religieux, mise en place d’un réseau d’espionnage de la population (nommé “Sirugimi“) contrôle des médias, tortures et exécutions des opposants. L’ironie est que beaucoup de ministres d’Enver Hoxha, qui ont servi sa politique répressive, ont fini eux-mêmes par être exécutés. Une salle montre une ligne impressionnante de leur portrait, dont un qui n’a pas de photo, son visage ayant été tellement bien effacé des archives communistes, que personne ne sait à quoi il ressemble.

Mais pourquoi le communisme en Albanie était l’un des pires d’Europe ?

La répression ne s’arrêtait pas aux opposants politiques, religieux, artistes et royalistes, elle touchait également leur famille, qui bien que n’ayant rien à voir, finissaient déportées dans des camps d’isolement et de travail. Sous le régime Enver Hoxha, qui a duré 43 ans, le pays comptait 20 prisons, 34 000 prisonniers, 100 camps de travail et d’isolement. Deux camps notamment étaient particulièrement sordides : l’une ouverte près d’une mine de cuivre, où les internés y travaillaient sous 40°C en respirant des fumées toxiques, l’autre était situé dans un cimetière où les internés durent eux-mêmes déterrer les défunts pour y construire des infrastructures.

Maison aux feuilles

Durée : 30 min- 1h30 / Entrée : 700 lek (cash uniquement)

Ce musée doit son nom au lierre qui recouvre sa façade. C’est ici que les fameux Sirugimis préparaient l’espionnage de la population. Des salles montrent les quantités d’appareils servant à prendre des photos et à écouter discrètement les citoyens.

Mon guide m’avait conseillé de ne pas faire ce musée, car sa collection est identique à celle de Bunk’Art 2. Étant à Tirana lors de la journée européenne de la culture, le billet était gratuit, j’en ai donc profité. J’ai trouvé l’approche différente entre ces deux musées : si Bunk’Art propose une immersion dans l’horreur communiste, via beaucoup de panneaux à lire, ce musée résume l’espionnage de la population de manière plus ludique que Bunk’Art, grâce à de nombreux objets exposés.

 

>>> Excursions et visites depuis Tirana <<<

 

  • Apollonia : ancienne cité grecque fondée en l’an 588 avant JC, accessible en taxi.
  • Kruja : la ville médiévale comporte le fameux château du héros national Skanderbeg, accessible en 1h en bus.
  • Berat : ses maisons blanches accolées à la colline en font la ville la plus touristique d’Albanie, accessible en 2h45 en bus.
  • Shkodra : est l’une des plus anciennes villes du pays, sa citadelle fait la fierté de ses habitants, accessible en 1h50 en bus.

 

>—- Les infos clés avant de partir à Tirana —-<

 

Comment se rendre à Tirana ?

  • La capitale possède un aéroport : l’aéroport international de Tirana, un vol direct Paris-Tirana dure 2h40.
  • Depuis l’aéroport il est possible de rejoindre le centre en 40 min via un bus.

Combien de temps faut-il pour visiter Tirana ?

  • Pour un aperçu de la ville : 2 jours
  • Pour découvrir la ville avec ses lieux religieux, parcs et musées : 3 jours

La ville se visite-t-elle à pied ?

  • Oui, sauf le Bunk’Art 1 qui se situe à plus d’une heure à pied du centre.

Les gens parlent-ils anglais ?

  • Oui, partout.

Est-ce que Tirana est une ville dangereuse ?

  • Non, je ne m’y suis pas sentie en insécurité.

Quelle est la devise et puis-je payer par CB ?

  • Le cash est roi dans ce pays ! (Cela vient de la méfiance de la population envers les banques, suite à la perte totale de leur épargne en 1995 dans des systèmes pyramidaux). La CB est rarement acceptée, ou souvent avec des frais.
  • La majorité des distributeurs appliquent également des frais (même avec Revolut) qui peuvent aller jusqu’à 1/3 du montant retiré. Allez à la “Credins Bank te sheshi “Sulejman Pasha” pour retirer sans frais.
  • La devise est le lek.
  • Niveau prix Tirana est une ville très bon marché, un repas (plat, dessert, boisson) coûte en moyenne 10€ dans un restaurant.

Que manger ?

  • Plats similaires à tous les balkans : tave kosi (hachis), ćevapi (viande) fergese (ragoût), burek (feuilleté garni)

Autre chose ?

  • Comme dans tous les Balkans il y a des chiens errants un peu partout, ceux-ci ne sont généralement pas agressifs, mais la prudence est de mise.
  • Les conducteurs albanais sont les pire des Balkans (voire d’Europe) ils doublent dans les virages, roulent très vite sachant que les routes ne sont pas en bon état en dehors de Tirana. Je vous déconseille de conduire en Albanie.
  • En tant que piéton, n’hésitez pas à vous imposer sur les passages piétons, sinon vous ne traverserez jamais.

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