Visiter Skopje, la ville du kitch qui sonne faux

Skopje est à la Macédoine ce que Pyongyang est à la Corée du Nord: de la pure propagande nationaliste  !

Mon avis sur Skopje

Détruite à 80% par un tremblement de terre en 1964, les autorités ont eu le mauvais goût en 2015 d’entreprendre une majeure rénovation de la ville, dans un style kitsch digne de Las Vegas ou de Disneyland. La capitale cherche à nous imposer une vision unique (alors que partagée) et grandiose de son passé, à travers d’exubérantes statues, disséminées en grand nombre, sur la place principale. Quand on sait que ces statues sont des héros grecs ou bulgares, cette vitrine patriotique est un peu absurde.

Autre chose m’a surpris : le nationalisme dont j’ai été témoin, principalement basé sur la rancœur portée à ses voisins grecs et bulgares. Si les discours officiels des politiciens semblent montrer un pays apaisé, on se rend bien compte une fois dans la ville que les traumatismes et humiliations du passé ne sont pas digérés, pire ils sont exploités dans un musée dédié à la propagande nationale.

Pour conclure sur mon ressenti, j’ai aussi trouvé la ville et le pays assez sales. De nombreux dépôts sauvages de gros et petits détritus se situent le long des routes et dans certains lieux touristiques, comme la forteresse de Skopje.

Skopje en 6 périodes clés

4e – 1e siècle av JC : premiers peuplements de la région. En 355 av JC elle tombe sous la domination du roi macédonien Alexandre le Grand. A sa mort son empire s’effondre et se sont les Romains qui le remplace.

9e – 13e : la région est envahie par l’Empire bulgare puis byzantin, avant d’être soumise au Royaume de Serbie.

16e siècle : les Ottomans conquièrent la région. Les guerres avec l’Empire austro-hongrois, les pillages et les épidémies de peste et de choléra affaiblissent considérablement Skopje, qui se dépeuple rapidement.

1912 – 1944 : la Bulgarie, la Grèce et la Serbie, désormais indépendantes du joug ottoman, revendiquent leur souveraineté sur la Macédoine, c’est finalement la Serbie qui l’obtient en 1913. La Seconde Guerre mondiale donne l’occasion aux Bulgare de reprendre le pays grâce à leur alliance avec Hitler. A la fin de la guerre ce sont les Serbes qui reprennent le contrôle du pays.

1945 – 1990 : tout comme la Serbie, la République socialiste de Macédoine rejoint la Yougoslavie. En 1963 la ville subit un tremblement de terre de magnitude 6,9, qui tue 1 070 personnes et détruit Skopje à 80 %. Sa reconstruction s’achève quinze ans plus tard.

1991 – 2019 : Indépendance de la Macédoine, le nom du pays provoque de vives tensions avec la Grèce, qui possède une région du même nom. En 2018, un accord est conclu entre les deux pays, la Macédoine du Nord est désormais le nouveau nom du pays.

Mon arrivée

Quatrième pays de mon trip dans les Balkans, je suis arrivée par bus depuis la Bulgarie, le trajet a duré 4h30. A la douane macédonienne, nous avons dû tous sortir nos valises et les ouvrir pour qu’elles soient fouillées. C’est la seule fois de mon trip, que j’ai assisté à une fouille collective des valises. Je me rappelle du douanier, qui après avoir mis sa main au fond de ma valise me dit ” Just clothes?” J’avais envie de lui répondre que la drogue était dans mon intestin grêle, mais c’était pas le moment pour une petite blague.

Que faire à Skopje ? (prononcez Skopié)

Le centre-ville est assez petit, j’ai aimé son vieux bazar ottoman, où on peut faire une pause-café, avant de gravir la montée qui mène à la forteresse impressionnante qui domine la ville, malheureusement totalement abandonnée. La Croix du Millénaire se situe sur une colline en périphérie de la ville, (téléphérique 90 denars), elle offre une vue imprenable sur la ville.

Vieux bazar

Cet endroit est le plus grand bazar après celui d’Istanbul et a miraculeusement survécu au tremblement de terre, autant vous dire que le vieux bazar est une bouffée d’air frais historique, quoique très animé, grâce à ses nombreux café. Des boutiques d’or et d’argent contiennent d’imposants bijoux en or.

Musée de Macédoine

Durée : 1h / Entrée : 100 denars (CB acceptée)

Un musée difficilement trouvable tant il est en mauvais état, j’ai tourné autour pendant 15 min avant de le trouver. Heureusement que je ne me suis pas laissée effrayer par son état. Il comporte une partie ethnologique particulièrement belle et riche (10 000m²) !
La première partie se situe dans un petit bâtiment, et revient sur l’histoire moderne de la Macédoine, tandis que l’autre bâtiment expose une très belle collection de maquettes et costumes traditionnels, rendant un très bel hommage à la diversité des régions du pays.

Musée archéologique de Macédoine

Durée de la visite : 20 min / Entrée : 150 denars (CB acceptée)

Ce musée est à l’image de la ville : un énorme bâtiment aux majestueuses colonnes grecs, dont l’intérieur déçoit, tellement il est vide ! Le musée ne comprend qu’un étage avec beaucoup trop de reproductions, sans aucun panneau décrivant leur contexte.
Ne vous promenez pas trop près autour du musée car, même si ce bâtiment date de moins de 20 ans, il tombe en ruine et des débris peuvent vous atterrir dessus.

Musée de la lutte Macédonienne

Durée : 30min-1h / Entrée : 120 denars (Cb acceptée)

La première chose que j’ai remarqué, ce sont les tableaux bien trop modernes pour être crédibles, puis l’énorme collection de personnages en cire, représentant des révolutionnaires locaux. Le fait que ces figures étaient installées dans des pièces sombres, était un peu flippant. Il y a même une figure représentant un révolutionnaire pendu, bon goût bonjour !

Presque aucune information n’est en anglais, j’ai donc fait une visite guidée gratuite pour comprendre le contexte… Quel moment de propagande ! J’avais un guide qui récitait son texte par cœur, l’histoire qu’il débitait à vitesse grand V n’avait rien de factuelle, ce n’était que victimisation et rancœur envers les pays voisins.

Je ne sais pas combien de fois j’ai entendu « Ce Macédonien s’est battu pour la liberté de la Macédoine » « Ce Macédonien a été emprisonné pour la liberté de la Macédoine » « Ce Macédonien a été au camp de travail pour la liberté de la Macédoine » « Ce Macédonien a été tué pour la liberté de la Macédoine“…  belle propagande digne d’un pays communiste !
Lorsque j’ai confronté le guide sur certains points, il m’a répondu Nous avons notre propre version de notre histoire ah ouais quand même.

 

>>> Excursions et visites depuis Skopje <<<

  • Ohrid : Imaginez une église byzantine surplombant un lac aux magnifiques dégradés bleus et verts. Difficilement accessible en bus, tour guidé recommandé.
  • Canyon Matka : qui offre un joli circuit de randonnée le long du lac ou un tour en bateau jusqu’à une grotte. Accessible en 1h en bus.

 

>—- Les infos clés avant de partir à Skopje —-<

 

Comment se rendre à Skopje ?

  • La ville ne possède qu’un aéroport : l’aéroport international de Skopje, un vol direct Paris-Skopje dure environ 3h.
  • Depuis l’aéroport, il est possible de rejoindre le centre-ville en 30 min par bus.

Combien de temps faut-il pour visiter Skopje ?

  • Pour un aperçu de la ville : 1 jour
  • Pour découvrir la ville avec ses lieux religieux, parcs et musées : 2 jours

La ville se visite-t-elle à pied ?

  • Oui, sauf la croix du millénaire qui est en périphérie.

Est-ce que Skopje est une ville dangereuse ?

  • Non, j’ai visité cette ville seule en septembre, j’ai beaucoup marché dans le centre et à aucun moment je me suis sentie en insécurité.

Les gens parlent-ils anglais ?

  • Oui parfaitement.

Quelle est la devise et puis-je payer par CB ?

  • CB acceptée dans les musées, bars et restaurants.
  • La devise est le denar macédonien.
  • Niveau prix Skopje est une ville très bon marché, un repas (plat, dessert, boisson) coûte en moyenne 10€ dans un restaurant.

Que manger ?

  • Plats similaires à tous les balkans : piperki polneti (poivrons garnis) sarma (feuilles de vigne garnies), turli Tava, selsko Meso (ragoût), kjebapi (kefta)
  • Desserts : palačinky (crêpes)

Autre chose ?

  • L’addition dans certains restaurants est en macédonien, si vous ne lisez pas le cyrillique et que vous comptez partager la note avec des amis, appelez le serveur.
  • Comme dans tous les Balkans il y a des chiens errants un peu partout, ceux-ci ne sont généralement pas agressifs, mais la prudence est de mise.

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